Les pas de la jeune femme se font rapides, réguliers et rythmés. Sa robe noire descend délicatement le long de sa silhouette, révélant quelques courbes innocentes. Ses talons claquent contre le sol dans une frénésie envoûtante, tandis que quelques sorciers encapuchonnés se fondent dans la masse, accordés aux vêtements sombres de la jeune Travers. Les cheveux retombant en de longues anglaises brunes au creux de ses épaules, Ambre observe autour d'elle avec une certaine froideur et un air légèrement hautain. La jeune femme sait pertinemment qu'en présence de mangemorts, paraître faible et peureuse est la pire des choses. C'est ainsi que les ennuis arrivent. Ne déviant jamais un seul regard, Ambre essaie de mettre en pratique les conseils reçus par sa mère. Madame Travers a toujours tenu à ce que ses filles soient les dignes héritières du nom, honorant la réputation de la famille au point de devoir faire des sacrifices lorsque ceci était nécessaire. Une pensée traversant l'esprit de la jeune femme, l'assure que sa mère serait fière de la voir ainsi, un tel regard accroché au visage. Ses prunelles dorées scrutent les horizons, observant chaque personne une par une. « Recherchez-vous quelqu'un, mademoiselle ? » lança une voix nasillarde à ses côtés. Surprise, Ambre se retourne vers une silhouette voûtée. Sous sa capuche se trouve une tignasse grisâtre, dévoilant un visage fendu par les âges. La vieille dame lance un sourire malicieux, dévoilant des dents usées, et parfois manquantes. Sans aucune réaction, la jeune Travers observe son interlocutrice. « Disons que je m'occupe de mes propres affaires, contrairement à certaines personnes qui tentent de planter leur nez crochu dans celles des autres. » tranche t-elle d'une voix glaciale. La vielle femme lance un regard flamboyant de colère à la jeune Travers, puis tourne des talons, sa silhouette claudicante s'éloignant peu à peu, en grommelant quelques paroles inaudibles.

Un sourire se dessinant sur le coin de ses lèvres, la jeune Ambre poursuit sa marche, pour arriver au coin d'une petite ruelle sombre. Mesurant sa respiration, sa silhouette s'arrête soudainement, comme si la jeune femme attendait quelqu'un. Après avoir jeté quelques regards autour d'elle, cette dernière avance de quelques pas, observant les alentours avec attention. Au loin, une large masse de silhouettes encapuchonnées se déplace telle une vague unicolore. Depuis peu, le chemin de traverse est peuplé de mangemorts ne cherchant qu'à accomplir des affaires douteuse. Forte de son travail au ministère, la jeune Ambre comprend que cela ne vaut rien de bon ; toutefois, elle n'émet aucun jugement à propos de cela, étant bien plus proche d'eux que des soldats de l'ordre du phénix. Quelques claquements se font entendre au loin, lorsque la cadette Travers se retourne avec les lèvres fendues en un sourire mêlant malice et impatience.

L'odeur de la mort était certainement le plus doux arôme qu'elle n'avait jamais connu. La vision du corps qui s'effondre, une poupée de chiffon, une marionnette à qui on aurait coupé les fils. Elle jubilait, entourée de cadavre. Encore elle, toujours elle. Ils étaient trois, cette fois, à avoir tenté de l'attraper. Trois âme en peine qui s'étaient crus invincibles, qui s'étaient mesurés à la reine noire, et qui venaient de s'effondrer. Peut-être aurait-elle dû prévenir le ministère : dans une partie d'échec comme dans la vie, on n'attrape pas la reine avec des pions. La chaleur qui se dégagea de sa gorge créa un nuage de buée face à elle, tandis qu'elle respirait avec euphorie. Cet effet peu commun, peu connu, de bonheur intense résonnait en elle comme le claquement du gong. C'est effet n'était là qu'une fois le sang écoulé, et par Merlin, c'était diablement bon. Elle n'avait guère besoin de plus, cela suffisait amplement. Tuer pour respirer, tuer pour se nourrir. Après avoir goûté une fois à cette vision doucereuse, le regard vide d'un corps mort, rien n'avait plus de goût. Et un besoin oppressant survenait. Recommencer, recommencer, vous n'aviez plus que cela à la tête. Donner son âme au diable pour sentir la chaleur du corps qui souffre, pactiser avec Satan pour entendre les hurlements de quelques téméraires. Donner sa vie, son identité, pour les vois mourir, un à un. Bellatrix sentit ce bonheur amer remonter le long de son corps, jusqu'à sa bouche. Si la plupart aurait eu l'estomac au bord des lèvres, Bella avait un sourire mesquin planté sur sa bouche. Les chuchotements retentirent tout autour d'elle. « Psychopathe. » Si tous les mangemorts -ou presque- étaient là par choix, peu apprécier les cadavres, peu étaient désireux de mourir. Alors, à la vue de Bellatrix, debout face au monde, plus heureuse que jamais, ils avaient tous été indignés d'un tel comportement. A cet instant précis, la vie leur avait semblé si pathétique, courte, dure. Tout ce chemin pour finir comme ses pauvres gens, morts. Finir comme médicament pour elle, la dame d'acier, la reine noire. Infléchie, impassible habituellement, arborait un air penseur, témoignant de son allégresse. Mais tel le serpent qu'elle avait toujours été, le poison du cynisme se glissa dans ses veines, nageant dans son sang, contaminant toute trace de béatitude pour ne laisser que le mal. Pure. Et si certains en frémissaient, d'autres la regardaient, plus méfiants que jamais. Certes, ils avaient entendu parler d'elle. Sans cœur, sans morale, sans lois. Une arme dangereuse car elle n'avait pas peur de mourir. Bellatrix aimait la vie -parce qu'elle pouvait détruire celle des autres- mais elle préférait mourir, finir cachée dans un tombeau Black, ou Lestrange, mais jamais, ô grand jamais, elle ne souhaitait devenir une vieille femme à la peau ridée. Ainsi, ceux qui avaient entendu les rumeurs n'y avaient jamais totalement crus. Or, la vérité leur faisait face, hautaine, fière. Plus belle que jamais. « Tu sais, chérie, tu devrais arrêter. Tu es bien plus belle quand tu envoies tout valser. » Les paroles de son mari, au début de leur relation malsaine. Et il n'avait pas tort. Bellatrix était d'une perfection rare quand elle perdait tout contrôle. Quand elle envoyait tout valser. Au diable les besoins, au diable les leçons, au diable l'étiquette. Elle avait tué, elle s'était encore salie les mains, et elle adorait cela. Encore, elle en voulait toujours plus.  « Lestrange ... On fait quoi maintenant ? » Elle fit un geste de la main, l'intimant à se taire. Stupide gamin. Peu désireux d'une longue vie, vu son ton condescendant. Si cela ne tenait qu'à elle, elle le cramerait en même temps que les trois corps. Or, elle n'en avait pas le droit. « Fais en sorte qu'il rentre. » lui avait-on dit. Sa mâchoire se serra, crachant un sort pour le ligoté. Tous se retournèrent vers elle, prêt à attaquer. Certains jubilaient. Si Lestrange était une traître, la faire souffrir serait bien plus simple, et plus tôt qu'il ne l'avait imaginé. C'est alors avec son air carnassier que sa voix s'éleva. Sans appel. Aucun ne voulait -ou ne pouvait- esquissé un mouvement. Terrifiés. « Si quelqu'un d'autrs veut connaître les plans, qu'il s'avance. Il manque, à mon goût, trop de chaire fraîche à notre feu de joie. » Elle cracha le mot joie avec mépris, avant d'enflammer sa baguette dans un sort informulé. Ils entassèrent les corps sans un mot, laissant le téméraire plus loin. Quand le sale boulot fut fait, elle avança sa baguette. Le feu jaillissait, plus beau que jamais. Et bientôt, il inonderait le monde de sa majestueuse présence.  La dame de feu. Bellatrix lâcha un mot, que personne n'entendit réellement. Le feu de sa baguette se détacha et vint violemment se glisser sur les corps, les léchant avec passion. Avide de sentir un peu plus de chaire cramoisie. Bellatrix regarda les cadavres brûler, en silence. Et puis, quand cela fut fini, le feu éteint, les corps en cendre, elle se retourna, hocha la tête, et disparut dans un ploc à peine audible. Elle réapparut, reposant sa capuche sur son crâne. Les autres apparurent à leur tour, se postant derrière elle. Et quand le dernier ploc retentit, elle avança. Ils suivaient, en silence. Un corps lévitait derrière eux, le petit imbécile qui avait tenté de jouer avec le serpent. Après quelques minutes de marches, elle s'arrêta, tourna la tête, en silence, les autres s'éloignèrent. Certains allaient retrouver leur famille, d'autres retournaient humilier quelques gamins. La routine avant le prochain meurtre. Bellatrix rangea sa baguette et commença à avancer quand une silhouette se dessina dans l'ombre. En vue du corps enfantin, feignant d'attendre quelqu'un, cela ne pouvait être que la petite Travers. En voilà une bonne nouvelle. Bellatrix n'avait jamais voulu d'enfant -les premiers mois étant sans doute un trop plein d'amour qui la ferait vomir plus que de nécessaire- mais pouvoir en éduquer un, voir sa petite machine de guerre partir au combat ... Une sorte de rêve. Et elle avait vu en Ambre le profil parfait. Si celle-ci avait tendance à l'agacer avec sa lâcheté si caractéristique des jeunes, elle restait parfaite pour le rôle que Bellatrix voulait lui offrir. Car oui, si Bella devait trouver une sorte de bras droit pour ses missions, elle préférait lui avoir tout enseigné. Enseigné à faire le mal, certes, mais à le faire bien. Et tout ses espoirs partaient vers la jeune Ambre Travers, décidément parfaite pour ce rôle dans la grande comédie tragique qu'était leur vie. « Westwood, tu peux nous laisser. Elle es avec moi. » La voix de Bellatrix était étrangement calme, douce, mais restait ferme. Cela sonnait comme un ordre, et la vieille femme cachée dans l'ombre le savait. Elle réapparut en un coup de baguette et s'éloigna en grommelant. Bellatrix rabattit sa capuche sur ses épaules et s'approcha de sa petite protégée. « Tu attendais quelqu'un ? » Bellatrix siffla ses quelques mots, en fixant son interlocutrice avec un étrange sourire. Cette gamine avait tout pour devenir quelqu'un. Comme sa mère l'aurait voulu. Car si Bellatrix restait cachée, elle n'oubliait pas de s'informer de la vie de ceux qu'elle côtoyait, et cette piètre information sur Ambre résumait à elle seule sa présence ici.
 

Les bras croisés, la jeune Ambre observe autour d'elle avec une certaine froideur accrochée au visage. Ses prunelles noisettes se perdent dans les méandres du chemin de traverse, scrutant avec attention chaque passant. Parmi ceux-ci, bon nombre de personnages encapuchonnés. Pourtant, parmi eux, se trouvent quelques sorciers au regard fuyant, semblant plus que mal à l'aise. Certains semblent même grommeler quelques mots. Sans doute des membres de l'ordre, a t-elle pensé en les observant quelques secondes. Membre du ministère de la magie, et fouineuse assidue, la jeune Ambre sait parfaitement ce qu'il se passe dans chaque coin du monde des sorciers, et ce, bien souvent grâce à ses relations. Privilégiant les connaissances qui possèdent des informations cruciales, aux amis de confiance, la jeune Travers sait parfaitement que cela peut l'aider en cas de besoin. Et plus que tout dans un climat de tension aussi palpable et tendu. Savoir chaque information sur un camp comme l'autre peut aider la jeune femme à avoir quelques cartes en plus à son jeu. Même son âge innocent peut lui permettre de sortir un atout de choix ; l'indulgence et la sympathie des personnes plus âgées, n'osant souvent pas s'en prendre à une jeune femme aussi fragile. Et pourtant, la jeune Travers a toujours eu une incommensurable soif de pouvoir. Cette soif de pouvoir qui l'anime depuis son intégration au ministère de la magie. Dès lors, Ambre a toujours eu un œil sur ses supérieurs, attendant patiemment que l'un d'eux commette une faute grave, et irréparable ; attendant patiemment que ses efforts soient couronnés de succès. Gravir les échelons est le seul et unique souhait de la jeune femme, même si cela doit se faire au détriment de ses amis, même si pour cela, elle doit mentir, trahir, détruire. Tout comme sa mère le lui a appris dès sa plus tendre enfance. Ayant grandi dans un climat tendu, la jeune Ambre sait parfaitement que le pouvoir prime sur l'anonymat ; que la malveillance règne sur l'indulgence. D'un pas assuré, et strict, la jeune femme tourne en rond, les bras croisés, une fine brume s'échappant de ses lèvres fines et pulpeuses à la fois. Comme si elle attendait quelqu'un. Car oui, elle attend bel et bien quelqu'un ; un collègue de travail apparemment soupçonneux de ses occupations au travail. Car depuis quelques temps, Ambre enquête sur ses collègues, pour en apprendre plus sur leurs activités. Fouiner dans les affaires des autres est une activité que la jeune Travers pratique à temps plein, histoire de toujours avoir une longueur d'avance. Puis, un claquement sonore se fait entendre. Des talons adoptant une frénésie rythmée contre le sol de la ruelle sombre. Sourcils froncés, Ambre comprend qu'il ne s'agit pas de son collègue, qui ne porte évidemment pas de talons, étant un homme.

« Westwood, tu peux nous laisser. Elle est avec moi. » lance une voix calme, mais tendant à l'impératif. Immédiatement, un sourire apparaît sur le visage de la jeune Ambre. Malgré une certaine interrogation trottant dans sa tête. Dès lors, une silhouette se dessine dans les méandres obscures de la ruelle. Une femme à l'allure stricte, et sombre. Encapuchonnée, comme tout ceux qui traversent le chemin de travers en ce moment même. « Tu attendais quelqu'un ? » lance t-elle, d'une voix bien plus douce cette fois-ci, un sourire accroché aux lèvres. Le regard de cette dernière sur Ambre la force à lui rendre ce sourire, comme si une certaine joie emplissait le cœur de la jeune Travers. Malgré la réputation nébuleuse de Bellatrix Lestrange, la jeune femme ne peut se résoudre à avoir peur d'elle. Les relations de Bellatrix et Ambre ont toujours été un peu ambigues, mais maintenant, tout se clarifiait. Bellatrix a toujours eu une certaine douceur anormale envers Ambre, qui ne manqua pas d'être étonnée de ce comportement, et à plusieurs reprises. Bellatrix est, à l'esprit de la jeune Travers, une figure d'autorité et un modèle à suivre. Malgré ses techniques parfois un peu barbares et extrémistes. Ambre a toujours voué une certaine admiration envers la sorcière, et encore une fois, cela se rapporte au pouvoir. Pourtant, Ambre n'a jamais souhaité s'approcher de Bellatrix par intérêt personnel. A vrai dire, au début de leur relation, la jeune Travers avait bien trop peur de l'épouse Lestrange pour la contrarier. Inspirant crainte et respect, cette dernière ne manquait pas d'intriguer Ambre. Mais au fil du temps, tout a changé ; Bellatrix est devenue plus douce et plus protectrice envers la jeune femme. « J'attendais quelqu'un, en effet, mais il m'a fait faux bond. » lance t-elle, d'un ton légèrement froid, en référence à ce rendez-vous raté. « Un collègue de travail. Je souhaitais en savoir un peu plus sur les récentes actions du ministère, qui nous sont aimablement cachées, à nous, les simples employés. » s'empresse t-elle de préciser, anticipant une interrogation de la nouvelle venue. En prononçant le dernier mot, « employés », Ambre avait arboré un air frustré, et amer. Ne supportant pas ce statut dégradant, Ambre aurait préféré s'arguer d'être chef de département, ou un autre titre d'autant plus glorifiant. Mais son âge ne lui permettait pas un tel honneur. « Que me vaut cette heureuse rencontre, Bellatrix ? » souffla t-elle, un ton à la fois interrogateur et chaleureux dans la voix, et ce en guise de salut. Ambre, malgré la réputation de Bellatrix, a toujours été heureuse de sa compagnie. Et encore une fois, ce sentiment semble être de mise à l'esprit de cette dernière, si l'on en croit le sourire sincère accroché à son visage enfantin, légèrement caché par quelques mèches brunes, entortillées sur elles-mêmes.