La lune d'un blanc immaculé se fondait dans le gris des nuages. La lumière du crépuscule se répandait au cœur des vitres cendrées du manoir. La brume opaque s'immisçait à l'intérieur des pierres murales, lui donnant un aspect sinistre. Un peu plus loin, seule, une fenêtre de l'aile droite du manoir était allumée. L'obscurité la plus totale s'imposait dans ces lieux. On entendait encore le bruit de la pluie frappant sur les carreaux. Dans le coin du salon, une bougie y était allumée reflétant ses rayons jaunâtres sur la table d'ébène. Autour de celle-ci, quatre personnes étaient assises, tout en dégustant le repas préparé par la gouvernante. Parmi eux, une jeune fille aux cheveux de jais, lança faiblement : « Père, je vais quitter le pays pour une durée indéterminée. »
Soudain, l’homme assis au bout de la table, frappa fort sur la table, tout en fusillant du regard sa fille. L’intensité de sa colère s’intensifia quand la jeune femme lui lança de nouveau qu’elle ne changera pas sa décision. C’est qu’alors il se leva, tout en pointant son doigt en direction de sa progéniture ; «  Mordaena, tu ne partiras pas de cette maison tant que tu ne seras pas marié, tu m’entends ? » cria-t-il de plus en plus fort. C’était la première fois qu’il l’appela par son prénom, mais plus rien ne pouvait encore la retenir ici, mêmes ses sœurs et frères. Ils le savaient. C’était trop tard. L’ignorance de son père était devenue insupportable et Mordaena avait d’autres objectifs, mais pas en Bulgarie. La jeune femme se leva, faisant face à son père. Celui-ci fou de rage s’époumona : « Je ne t’ai pas autorisé à te lever ! Tu as donc oublié toutes les bonnes manières que je t’ai inculqué ?! ».
La jeune femme s’immobilisa, son visage se perdait dans les méandres de la folie, elle lui répondit haineusement : «  Que vous m’avez inculqué ? » Elle s’arrêta un moment et reprit : « Allez au diable. »
Puis, elle quitta la pièce, ignorant les jurons de son père.
Mordaena monta précipitamment l'escalier de marbre plongé dans l'obscurité. Elle sorti en hâte à l'extérieur. La jeune femme se dirigea vers la grange. L’habitacle était délabré. Quand elle fut entrée, elle mit sa longue cape d'un noir charbonneux en prenant soin de couvrir son visage. Celle-ci serpentait dangereusement prête à savourer l'interdit. Mordaena prit un balai qui était posé sur une table en bois. Lorsqu’elle sorti, la jeune femme regarda pour la dernière fois la demeure qui avait occupé toute son enfance. Elle avait pris la bonne décision face à des années de souffrance, tout ça grâce à son père. C’était un passé qu’elle voulait désormais oublier. La jeune femme prit une photo dans une des ses poches : elle représentait une jolie jeune femme souriante. Sa mère. Elle ne l’avait jamais connu, puisqu’après la naissance de Mordaena, Katerina, sa mère, décéda sous l’épuisement.

Mordaena frappa fort le sol terreux et dans un bruissement strident, s'éleva dans les airs. L'air glacé matinal lui lécha le visage. Elle surplombait la sombre forêt, et la regarda intensément : la lueur douce de ses pupilles avait maintenant refait surface. Soudain, le balai prit de la vitesse et sa propriétaire s'abandonna au cœur des nuages onctueux. Le vent s'intensifia, martelant son visage si fort que ses yeux s'humectaient légèrement. Elle dirigea le manche vers le bas. La masse de nuage disparut aussitôt laissant place à un paysage de montagne verdoyante. Leurs façades abritaient des grottes d'où sortaient des lierres par milliers, rendant le tableau sinistre. Deux chaînes de montagnes perpendiculaires accueillaient une rivière. L'eau était si transparente qu'on apercevait l'ombre de la sorcière. Autour d’elle, des oiseaux longeaient les côtes innocemment. C’est alors qu’après plusieurs heure de vole, l’Angleterre fit surface.

« STUPEFIXE » cria Mordaena.
Le corps lourd de l’homme tomba sur le sol. Elle rattrapa celui-ci, puis disparu dans un brouillard dense.
La jeune femme arriva dans le département de la justice. Elle ouvrit la porte de son bureau à la volée, plaça l’homme sur une chaise. Elle s’exclama en colère : « Nous avons quelque chose à régler toi et moi. Et cela risque d’être long. »
La porte en métal se referma instantanément sur ces dernières paroles. On attendait les cris ahurissant du prisonnier.

Mordaena était Auror, et certainement la plus dure.