NOM : Mrozowski. Du polonais ‘Mroz’ signifiant ‘givre’ ; il sert communément de surnom en Pologne et désigne tout homme possédant une chevelure blanche. Au de-là des belles métaphores poétiques cependant, la lignée Mrozowski s’avère désuète pour nombre de sorciers car sans conteste et à de très nombreuses reprises traitre à son sang. Les tares dans leur généalogie s’incrustent aussi profondément et aussi aisément qu’un peu de crasse sous les ongles. PRÉNOM(S) : Kasia, dit « Ka-sha » ; diminutif populaire du prénom Katarzyna. Il est dit que son étymologie et ses connotations puristes sont en parfaite adéquation avec la nature un rien utopiste de la jeune fille, bien que celle-ci soit plus complexe et nuancée qu’elle ne le laisse paraitre. Qu’importe au fond. Ce qu’il vous faut retenir, c’est que la belle scanderait sans aucun doute et avec un peu trop de véhémence votre méprise s’il vous arrivait ne de pas le prononcer correctement. ASCENDANCE : Peut-être la moins valorisante qu’il soit. Issue de deux parents sorciers reconnus, Kasia n’en demeure pas moins une infâme sang-mêlée aux yeux de ses comparses. ÂGE : Vingt-trois ans. LIEU DE NAISSANCE : Elle fut extirpée des chaleurs réconfortantes et maternelles juste après le premier cri expulsé de sa jumelle, dans les locaux stériles et insalubres de St Mangouste. Quelque part dans les banlieues de la Londres magique, de ce fait ; tendre terre natale et d’accueil pour le patriarche de la famille. SITUATION SOCIALE : Célibataire, bien qu’ayant déjà eu l’occasion d’expérimenter les affres de relations sentimentales tumultueuses. Kasia n’est clairement pas le genre de filles dont on s’éprend. ANCIENNE MAISON : Immigrée suite au divorce de ses parents, elle suivit son cursus scolaire et magique dans la célèbre école de Salem, aux États-Unis. PROFESSION : Au grand dam de ses conservateurs de parents, Kasia préféra une vie nomade et incertaine aux longues et barbantes études que l’on tenta de lui imposer. C’est donc un brin insouciante et marginale que la jeune femme intégra le monde magique britannique, suivant sans plus d’hésitation les traces de sa bien-aimée soeur et venant ainsi s’installer dans un quartier délétère des banlieues londoniennes. Officiellement, la mélomane - très peu concernée par son héritage sorcier - s’est vue offrir une place « d’agent de communication » par les rockeurs-jolis et novices du groupe The Weird Sisters. Plus amis que collègues, le travail de la jeune sorcière envers ses membres s’apparente cependant bien plus à du bénévolat qu’à un emploi contraignant ou rentable. Pour ce qui est d’assurer un loyer et de gagner sa croûte, la sorcière sait mettre la main à la patte quand il le faut et ne rechigne pas à servir dans les bars miteux pour arrondir les fins de mois. Une broutille aux yeux de la belle qui n’est que spontanéité et passion. BAGUETTE : Bois de cerisier et crin de sombral, au taillage subtil et ayant hérité d'une prise en main agréable. D'à peine vingt-huit centimètres, l'artifact à la combinaison mortelle sait rendre justice à la petite taille et l'innocence feinte de la belle. PATRONUS : Outre le fait que la sorcière, un peu laxiste, n'ait réussi à le matérialiser qu'un très faible nombre de fois, celui-ci prend la forme d'un panda d'Asie. MIROIR DU RISED : N'ayant jamais été confrontée à ce genre de reliques, et aspirant à bons nombres de souhaits ou d'idéaux, Kasia se trouve bien incapable d'en connaître même l'essence. EPOUVANTARD : Sa jumelle, son double, sa chair décimée ou disparue. FACULTE SPECIALE : Quelque chose comme un doublon du nom de Ksenia, ce me semble...

 DONNEZ-VOUS DE L'IMPORTANCE A LA VALEUR DU SANG CHEZ LES SORCIERS ? Aucune. Un peu de chair, un peu de sang, ça n'a jamais fait un Monde. Si Kasia est pointée du doigt, fort est de constater que ça n’est pas uniquement pour son mode de vie décalé mais bel et bien pour ses choix – ou devrais-je dire, l’inexistence probante de ces derniers aux yeux de ses comparses. Non concernée. Non impliquée. Inconsciente ou simplement désoeuvrée ; la belle ricoche entre ces climats de haine et d’intolérance et s’esquinte à mesure que les heurts s’additionnent. Ce combat – jugé par elle-même comme ne résultant aucunement de sa responsabilité - l’écorche plus qu’il ne sait la rallier à ses rangs. Déni de sa propre lâcheté et de son nombrilisme érigé en prétexte, sans doute. Et si, fut un temps, il vous était arrivé de la croiser en tête de troupe, poing levé à revendiquer ses plus pieuses convictions, aujourd’hui vous ne retrouveriez plus rien en les yeux de la belle qu’une passivité inhérente à son Mal tout égoïste. La vérité quant à la triste dérive de Kasia étant qu’elle demeure dans l’incapacité de recouvrer une appartenance, et donc des convictions en lesquelles placer un peu d’espoir.


   CRAIGNEZ-VOUS LA MENACE ACTUELLE ? COMMENT LA VIVEZ-VOUS AU QUOTIDIEN ? L’ironie est d’autant plus poignante que la belle crève littéralement de peur une fois face à la montée du nazisme et l’ascension plus générale de Lord Voldemort. Un fait on ne peut plus agaçant pour les rebelles connaissant, en plus, les origines valorisantes de la jeune fille. Sang-mêlée. Sang déprécié mais jamais éradiqué. Elle sera de toute façon toujours sauve mais ose trembler au même titre que les sorciers tyrannisés en faveur desquels elle ne se bat même pas.

   QUE PENSEZ-VOUS DU MINISTRE ACTUEL AINSI QUE DE SON MINISTERE ? LEUR FAITES-VOUS CONFIANCE ? Kasia ne fait confiance à personne, en dehors de son double, pas même en son entourage proche ou ses propres parents, alors les politiques... Elle n'est même pas assez indépendante pour se pencher d'elle-même sur le fonctionnement interne de son Ministère. Tout ça reste lié au rejet de son héritage sorcier, bien sûr, mais constitue un handicap important pour la jeune fille qui est de ce fait bien trop facilement manipulable.

   QUELLE IMAGE AVEZ-VOUS DES MANGEMORTS ET DE LORD VOLDEMORT ? LES CRAIGNEZ-VOUS ? Rien qui ne soit bien valorisant. Un peu de poudre aux yeux pour mieux déverser de son fiel et ronger le ciment des troupes, quelques petits tours de passe passe et beaucoup de stratégies d'intimidation calquées aux artifices. Ça a de grandes ambitions, ça parle fort, mais ça ne brasse que les pathologies des plus primaires et des plus bas instincts. Plus que la peur certaine qu'ils lui inspirent, Kasia nourrit de bien sombres ressentiments envers eux. Quelque chose comme une haine réciproque et belliqueuse qui lui accroche les tripes et l'épuise sans qu'elle ne puisse jamais vraiment s'en défaire. Qu'importe le recul, qu'importe les aspirations pacifistes... C'est là et ça titille, ça nargue jusqu'à la bouffer toute entière de culpabilité.

   AVEZ-VOUS DÉJÀ ENTENDU PARLER DE L'ORDRE DU PHOENIX ? SI OUI, QUELLE IMAGE AVEZ-VOUS DE CETTE ORGANISATION ? Elle n’en a jamais entendu parler, n’en soupçonne à vrai dire même pas l’existence. L’esprit englué de craintes et deux œillères placardées devant les yeux ; il est difficilement possible d’être plus mal informé que la belle.

I could've been a princess, you'd be a king.

Could've had a castle, and wore a ring,

but no... you let me go.

Rance. Ses baisers ou les effluves libérées des haillons qui le couvrent, tu ne sais plus très bien. Il a la lippe humide et retroussée, cette même lueur gueularde au fond des yeux. Tableau du clébard avisant sa proie ; tu ne bronches pas quand ses griffes se referment doucement tout autour de tes hanches. On pourrait penser que le contact suffit à préserver les sens violés, qu’il attise les flammes arides d’une rébellion, pourtant tu sens l’organe cardiaque expirer sa joie perverse jusque dans ta gorge. Ça pulse un peu partout ; de la carotide qui gonfle aux creux des cuisses sales et saillantes,  tout palpite plus fort encore que ton aliénation sous les heurts ou coupures infligées. « Tu as mal ? » qu’il dégoise soudain, enivré par l’absinthe et ses longues phalanges tannant le grain usé de ton épiderme. Il a les pupilles comme deux appendices dégueulées par l'encre de la nuit, rivées droit sur son œuvre. Joli camaïeu de pourpre ou de bleu aux détours d’une cuisse ronde, la tienne meurtrie et érigée en toile de l’amant passionné-artiste. « Je suis désolé… » ose-t-il encore, dépité. «  Je suis désolé. Je t’aime Kasia. »

Les yeux gorgés de larmes, tu pleures puisque tu ne sais pas t’en défaire. Le goût acre de la rancœur qui te recouvre la langue ou le palais, et de mauvais frissons qui te remontent en caillots de honte sous la peau. Tu implores, n’est-ce pas, Kasia ? Ton exil ou le pardon de divinités salvatrices en lesquelles tu n’as ou ne placeras jamais rien. Tu cherches jusqu’à l’empathie de démiurges fantasmés, jusqu'à l’approbation des plus Grands qui t'excuseraient d'aimer te sentir rouler entre ses mains maîtresses ; puissent-ils seulement se montrer assez sordides pour conjouïr à la crasse de tes humiliations guignées et ne jamais t’arracher à Son Monde.

Puisque toi, tu sais qu'il faut souffrir pour être belle, jolie Kasia, à proportion que tu es prisonnière de ses bras.





Chaque battement esquissé me renvoie sa grâce en pleine figure. Recluse dans un coin de la salle, je retiens mon souffle comme si ma vie en dépendait. Joliesse ou bien maîtrise, je ne côtoie de toute façon ce précepte qu’en ces lieux qui me sont habituellement proscris. Comme toutes les semaines après les cours, il me faut me ruer aux entrainements et m’abreuver de la joie que me procurent la réussite et le talent de ma bien-aimée chair. Ordre, discipline, ordre, discipline. Somme toute très éloignées des ambiances de mes habituels squattes, j’aime pourtant à me fondre aux tirades classiques et mélodieuses. Il y a chaque fois les pulsions du métronome qui résonnent, quelque part aux synapses chauffés d’admiration, échos d’une appréhension qui attise la rigueur tissée tout autour de mon double.

« C’est médiocre. Absolument médiocre. À la barre, Mrozowski. » Le timbre acerbe retombe en enclume au fond de ma poitrine, pourtant, Elle, ne semble pas perdre contenance. Puissance convertie en son grand accomplissement lorsque Ksenia se met à virevolter, légère ou transcendée, ses longs cheveux de coton relevés en un chignon strict qui lui non plus ne se risque jamais à faillir ; il n’y a pas une seule mèche pour se défaire de cette chrysalide fragile, pas même une seule ombre au tableau. Elle resplendit, baignée dans son cocon de talent. « Plus vite que ça, Ksenia ! » Un râle expulsé de mes lippes martyrs, puisque ma danseuse exulte sans doute un peu trop sa passion pour se sentir concernée par quelques remontrances contrariées. D’autres cygnes déambulent tout autour d’Elle sans que je ne les vois, trop crispée sans doute sur ses galbes menus que son maître semble aimer meurtrir. « Plus tendues, les pointes. »



UC.