no more free steps to heaven.

Elle avait toujours aimé voir le soleil descendre derrière les maisons moldues. Trainer dans le quartier de sa jeunesse, de son innocence, la gamine tout juste arrivée à Londres. Elle avait passé la journée à arpenter les rues, retrouver les passages secrets, et puis la balançoire du parc aussi, celle en bois où elle avait gravé son nom avec une pierre. Ses pieds avaient foulé le goudron, s'arrêtant pas moment en face de la maison de ses parents, hésitant à entrer. Voltaire aimerait les revoir. Les rides au coin des yeux de son père. Les cheveux blonds cendrés de sa mère. Et puis p'têtre aussi son grand frère, pour savoir s'il peint toujours des femmes nues dans son garage. Ça lui manquait, sa famille de révolutionnaires, de marginaux, d'énergumènes. C'est dangereux, de trainer par là. Dangereux pour elle, et dangereux pour eux ; mais pourtant, elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle s'asseyait là, sur un banc, laissant les souvenirs se bousculer et la mélancolie l'envahir doucement. Mais ça la remplissait toujours d'une douce chaleur, de voir les ombres passer devant la fenêtre. De les savoir vivant. Elle avait attendu longtemps, sans trop savoir ce qu'elle faisait là, ses cheveux blonds emmêlés par le vent, à scruter la course du soleil, puis les ombres derrière la fenêtre. Elle entendait du Pink Floyd dans sa tête, et elle savait pas trop pourquoi elle était là. Les Harpies devaient s'entrainer aujourd'hui. Elles se demandaient peut-être où elle était passée. C'était pas trop grave, c'était plutôt comme d'habitude. Voltaire avait trop entendu parler de ces moldus assassinés, chez eux, ou dans la rue, sans qu'ils ne comprennent même l'enjeu de la guerre pour laquelle ils furent sacrifiés. Elle avait peur qu'un jour, ça soit quelqu'un qu'elle connaissait. Un de ses enfants avec lesquels elle jouait pendant l'été. Ou les voisins, avec leur chien trop bruyant. Les moldus chercheraient tous des explications logiques sans en trouver. Le Ministère s'agiterait encore, s'épuiserait encore à chercher des Mangemorts, des coupables.
Il faisait presque nuit quand elle avait ajusté sa veste sur ses épaules, et levé sa carcasse du banc pour retourner vers le Londres sorcier, chantonnant un air des Rolling Stones. Elle avait jeté un œil vers la lumière qui filtrait de la fenêtre, se promettant de ne plus revenir. Pour leur sécurité. Et pour la sienne.

Le vent glacé la fit frissonner un instant. Elle offrit un petit sourire à un couple de moldu, accompagnés d'une petite fille braillante en robe rose. Elle accéléra le pas afin de trouver une ruelle à l'abri des regards pour transplaner. C'était une mauvaise idée de trainer seule la nuit. Surtout avec des origines aussi incertaines que celle de Voltaire. Elle serra sa main sur sa baguette, dans la poche de sa veste, comme pour se donner un courage imaginaire. Elle était bien loin, la téméraire Gryffondor qui parlait fort et qui parlait cru.
Voltaire se retourna brusquement quand elle entendit une sorte de bruissement, propre au transplanage. Sa baguette en main, elle se plaqua derrière une maison, le cœur battant bien trop vite, la respiration rapide. Depuis quand était-elle devenue cette espèce d'animal effarouché ? De ses orbes clairs, elle osa un coup d’œil vers la rue, assez pour apercevoir des capes noires. Les jointures de ses doigts blanchissaient autour de sa baguette. Elle n'eut qu'une prière, à un dieu auquel elle ne croyait que quand ça l'arrangeait. Pas chez moi. Elle essaya de calmer son cœur, sans succès. Sa main tremblait un peu, et elle sursauta quand la détonation sèche du premier sort retentit dans la rue. Elle se souvint un instant de la famille moldue.
Alors sans s'autoriser de réflexion, elle surgit de sa ruelle baguette tendue, en lançant son premier sort. STUPEFIX ! Le sort ricocha sur un mur, atterrit plus loin, mais certainement pas sur un Mangemort. La baguette de Voltaire avait toujours été imprévisible, et avec un sale caractère. Quoiqu'elle avait au moins le mérite de réagir rapidement. La détonation bruyante fit se retourner quelques sorciers masqués, que Voltaire insulta copieusement, baguette tendue au devant d'elle, la langue acerbe. Elle flancha quand ils brandirent leur baguette. Alors elle avança de quelques pas, comme pour se forcer à agir. INCARCEREM !! Voltaire se plaqua derrière une maison, essayant de reprendre sa respiration, et surtout de se souvenir de ses cours de défense contre les forces du mal. Se mordant la lèvre pour concentrer sa mémoire, elle regrettait maintenant son intervention courageuse. Le courage, c'était pas son truc.