It's too late for mercy.
Je pris la main de ma mère en la serrai aussi fort que je pouvais. Je regardais la silhouette de mon père devenir de plus en plus petite. Je devais sortir de son bureau j'étais encore trop petite pour ce genre de choses. Je devais aller étudier pour que je sois prête pour rentrer à Poudlard comme ma sœur avant moi. Moi je voulais juste que mon père prenne une seconde pour me regarder, pour me prendre dans ses bras. Mais c'était probablement un luxe auquel je n'avais pas accès. Je devais le mériter. Quand Adelaine avait été envoyée à Serpentard, bien évidement elle avait eu le droit aux félicitations, c'était mon aînée, la « préférée ». Moi je n'avais même pas le droit à un peu de considération. Je n'existais pas, je n'avais jamais existé. Je n'avais toujours été que l'ombre de ma sœur. Mais jamais je ne lui en ai voulu, je l'aimais bien trop pour avoir ne serait-ce qu'une pointe d'amertume envers elle. Je n'avais trouvé qu'une seule solution pour attirer son attention : étudier rigoureusement, savoir, développer ma curiosité. Par chance, la bibliothèque de notre demeure était particulièrement fournie. J'avais envie de demander à ma mère, de lui demander si mon père ne m'aimait vraiment pas. A chaque fois que cette question me brûlait les lèvres, je m'appliquais à mordre aussi fort que possible mes joues. Je devais le garder pour moi. Je ne devais pas en parler. Un jour viendrait mon heure de gloire, je le savais. Je savais bien qu'un jour mon père me regarderai comme étant autre chose que la petite dernière. En attendant j'ouvrirai encore et encore les bouquins de la bibliothèque, jusqu'à les connaître par cœur. Jusqu'à vivre seule mon cocon de lettres et de connaissances.
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Je me tenais droite comme un i, je ne bougeais pas d'un poil. Devant moi s'étendait les plus grands représentant de ma famille. Parents Bulstrode étaient réuni pour régler une affaire plus qu'épineuse, une affaire qui n'avait pas intérêt de s'ébruiter... même si le mal était probablement déjà fait. Mon regard naviguait, je scrutai mes aînés qui avaient les yeux rivés sur moi. J'étais impressionnée, mais je ne montrai pas une miette de mon ressenti. Je gardais mon visage calme, impossible à décrypter. Je ne devais pas me montrer le moindre doute, tout en gardant un air de respect envers mes aînés. Bref je devais jouer la comédie comme un actrice et témoigner comme le jour d'un procès. Je devais témoigner contre ma propre tante. L'histoire ? Une aventure avec un moldu et un rejeton de sang mêlé qui avait vu le jour. La honte suprême pour notre famille qui avait toujours montré pâte blanche auprès des sorciers de sang-pur. J'avais toujours reçu cette éducation, que les personnes sans pouvoirs n'étaient que des moins que rien, qu'ils n'étaient bon qu'à servir de descente de lit.
Les confidences. Ma tante était jeune, stupide. Elle avait toujours été proche de ma sœur et de moi-même à cause de cette faible différence d'âge. Ainsi fut-elle assez stupide pour me confier un secret. Que pensait-elle en nous parlant de ce moldu ? Qu'elle arriverait à nous faire trahir nos propres convictions ? Imbécile. Je n'avais pas hésité une seule seconde à la dénoncer. Oui, j'avais si peu de morale que dénoncer ma propre famille ne posait aucun problème. J'étais plutôt même fière de montrer ma fidélité sans bornes pour notre noble sang à mon père. Le reste n'avait que très peu d'importance à mes yeux.
Tu es sûre de ce que tu as vu Paige ? Mon père me regarda sérieusement, la question était logique après tout c'était dur de croire qu'une telle trahison puisse être possible dans notre famille.
J'ai vu l'enfant de mes propres yeux père. Une simple phrase, une concertation. Intérieurement je ne pouvais m'empêcher de sourire. Un sourire mauvais. Elle n'aurait que ce qu'elle méritait et moi, moi je serai félicitée pour mon acte de bienveillance pour sauver notre famille de l'impureté. Cet enfant ne pouvait pas exister, c'était une tare dans l'arbre de notre famille. Après quelques minutes, les regards se reposèrent sur moi. J'attendais qu'on me donne l'autorisation de m'exprimer.
Et toi Paige qu'elle serait ta décision ? Un test. Intéressant. Je ne pus m'empêcher de sourire cette fois vraiment. Je ne pouvais plus cacher mon malin plaisir à savourer la situation. Je gouttais pour la première fois au choix. Quelques paroles qui pouvaient avoir un pouvoir si immense, c'était grisant. Je fixai mon père, il avait les bras croisés sur son torse, un air sérieux planté sur son visage. Définitivement, je savais d'où j'avais hérité ma capacité à rester calme quelque soit la situation. A croire que j'avais plus hérité de lui que ce que je ne pensais.
Il est clair que l'enfant ne doit grandir, cela fera une ombre dans notre famille tout comme le moldu. Quand à la traîtresse, je pense qu'il sera assez facile de la faire passer comme folle. Un signe de la tête de mon père sembla approuvé cette décision, c'était bien la seule manière de gérer la situation et d'éviter de faire trop de vagues... et pourtant.
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Une goutte dans l'océan ? Nous aurions aimé que cette histoire se finisse sans faire de bruit. Pourtant elle finit par entacher toute notre famille. Pour contrer ceci, j'avais du faire des efforts incroyables pour être brillante et prouver que cette faute n'était du qu'à la folie de ma tante. J'avais une pression monstre sur les épaules, mon père redoublait d'autant plus d'exigences. J'étais la dernière de la famille à l'école, je devais me montrer parfaite et ce sur tous les points. Rapidement je du apprendre à me faire respecter. Ceux qui se mirent à douter de la pureté du sang des miens furent sévèrement punis par la pointe de ma baguette. J'avais toujours été douée, je n'étais pas la duelliste la plus rapide, mais je savais utiliser mes sortilèges au bon moment. Je savais utiliser ma tête. Les petits malins ne s'amusèrent plus à me railler. Quand les mots n'arrivaient plus à convaincre les imbéciles, il fallait bien commencer à parler leur langage, celui de la violence brute. Mais regagner une réputation ne se ferait pas aussi facilement que ça. Je le savais bien. La route serait longue et semée d’embûches.
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Mon plan était parfait. La potion de polynectar avait fait son effet. Je me félicitais d'avoir réussi parfaitement son exécution. Je m'étais montrée patiente. J'avais attendu le bon moment pour mettre mon plan à exécution. Se faire passer pour Adelaine était facile, je la connaissais par cœur. Mais c'était obligatoire pour que je puisse approcher ma cible. Jamais ma proie ne m'aurait fait assez confiance pour que je puisse l'approcher avec ma véritable apparence. Une visite de courtoisie aurait été franchement suspecte. Mais en revanche, ma chère sœur qui revient du boulot en prétextant un petit coup de fatigue, autant dire que personne n'aurait suspecté ce qu'il se tramait. Même si cela me dégouttait du plus profond de mon âme qu'un sang-mêlé puisse me toucher intimement. L'attirer dans la chambre, cela avait été simple. Sans baguette, désarmé, c'était presque trop simple de torturer cet homme qui avait osé souiller ma chère sœur. Prétextant des envies coquines, je m'arrangeais pour lui attacher les mains. Cela en devenait presque ennuyeux. Je lançais un simple sortilège pour insonoriser la pièce, un avec sourire mauvais. A califourchon sur ma proie, je ne pus m'empêcher d'avoir un air sournoise. Je le tenais, il ne pouvais pas fuir, il ne pouvait pas appeler à l'aide. Il n'y avait plus que lui et moi. Je passais ma main sur son torse, j'étais presque un déçue d’abîmer une si belle pièce de race inférieure. Enfin presque.
Je comprendrais presque pourquoi Adelaine ne te tue pas. Tu es plutôt agréable à regarder. Un vicieux s'afficha sur mon visage alors que je vis de l'incompréhension s'installer sur le visage de la petite victime sans défenses. Je plantai mes ongles au niveau des pectoraux du sorcier, jusqu'à faire perler le sang de sa peau.
Je pense que tu as de quoi satisfaire sexuellement une femme. Qu'est-ce que tu... Je portais un de me doigts à ma bouche, quand le sang entra en contact avec ma langue j'eus un léger frisson.
Divin. Je finis par me pencher pour poser mes lèvres sur celle de ma pauvre victime. Rapidement le baiser se fit passionné, sauvage, brute, violent. Je m'éloignais en prenant le soin de mordre une dernière fois la lèvre inférieure du petit sorcier.
Rapidement un expression fit place sur le visage de mon aîné.
Mignon mais long à la détente. Je restai à califourchon sur lui, quand il essaya de se débattre je replantais mes ongles au niveau de sa gorge.
Shhhh, à ta place je ne ferai pas ça. Qu'est-ce que tu comptes me faire au juste Paige ? Je doucement mes ongles au niveau de sa gorge pour lui rappeler qui dominait.
Toi et moi nous avons à parler. Et j'ai pu voir que tu as su apprécier mes arguments n'est-ce pas ? Il essaya de m'insulter mais je lui assénai directement un revers de main dans son joli petit minois. Je me redressai et me leva, d'un coup de baguette, j'allumai un bougie que se trouvait non loin. Une lumière orangée se mit à onduler sur mon visage et sur le corps de celui qui était le compagnon de ma très chère sœur. Une chose qu'elle avait voulu cacher à toute la famille et surtout à moi, ce qui avait le don de me vexer au plus haut point.
Comment tu as su ? Cela ne te regarde pas. Mais je suis au courant de tout, annonçai-je avec un ton inquiétant. Je pointais ma baguette vers lui. Ma décision était déjà prise depuis un petit moment. Je ne pouvais pas laisser l'histoire se répéter deux fois. Je ne pouvais pas voir ma sœur corrompre son sang avec un sorcier impur. J'avais travaillé trop longtemps à la réputation de mon nom de famille pour voir le caprice d'Adelaine tout détruire.
Tu pensais vraiment pouvoir la posséder ? Tu n'es rien, achevais-je sur un ton sec et froid.
Bizarre, ce n'est pas ce qu'elle disait. Avant même qu'il n'affiche un air de satisfaction, je lance mon premier sort.
Endoloris, ma voix n'exprimait aucune colère, elle ne montrait rien, aucune émotion. Il se tordait de douleur devant moi. Je souriais devant ces première tortures, c'était toujours un vrai régal pour moi. Je levais le sortilège rapidement. La journée allait être très appréciable, je le sentais bien.
Tu n'es qu'un caprice de ma sœur. Elle ne comprend pas qu'une erreur de plus pourrait lui coûter de la vie. Entre chaque phrase je m'appliquais à lui lancer un sortilège doloris. Plus sa souffrance s'intensifiait, plus je ne pouvais m'empêcher de sourire.
Je ne pourrai me convaincre de tuer ma propre sœur. Je préfère qu'elle pleure la mort de son joujou. Je ne voulais pas, après ce qu'il s'était passé avec notre tante, je savais bien que notre père n'hésiterai pas à être plus ferme pour une seconde fois... et ce même si cela s'agissait de l’aînée de sa famille, elle devait être un exemple symbolique. Ma sœur était beaucoup trop importante pour moi pour que je prenne un tel risque. Un sang mêlé en échange de la vie de ma sœur, je ne me posais même pas la question.
Je sais ce que tu es Paige. Et c'est moi qui la sauve de votre folie. Tu ne la sauves pas, tu la condamnes. Instantanément, un éclair vert s'abattit sur le torse du pauvre malheureux. Il gisait sans vie sur le lit. Je savais que j'avais raison, je l'empêchais de faire n'importe quoi, de devenir comme ces imbéciles de sang purs qui oubliaient qui il étaient vraiment. Je la sauvais, je lui rappelais quelle était notre destinée. Ce n'était pas un stupide sorcier qui changerait les choses. Cela ne faisait qu'un mort de plus sur ma liste. Je tournai les talons et m'éloignai du lieu du crime avec la satisfaction que je retrouverai enfin ma sœur.
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Je regardais la marque sur mon avant-bras. Je la regardais bouger, elle était envoûtante, séduisante. J'avais tout réussi. J'avais suivi tous les plans de mon père à la lettre. Je lui avais obéis aveuglément. J'avais été la petite fille qu'il avait toujours voulu. J'avais respecté les valeurs de notre famille. Pourtant, pourtant je n'étais que la petite dernière. Je n'étais que l'ombre de ma sœur, celle qui avait l'air si parfaite. Je serrai les dents. Elle n'était pas parfaite, elle ne l'avait jamais été et je le savais bien. Je la connaissais, je connaissais Adelaine, je savais bien ce qu'il se passait dans sa tête. Et surtout, j'avais bien vu les conneries qu'elle avait fait. Ces trucs qu'elle avait fait avec cet homme, ce sorcier de sang-mêlé. Une erreur terrible, une honte extrême pour ma famille, autant dire cette fois c'était le geste de trop. J'aurais pu la faire tomber, cela aurait été trop facile. Je l'avais tenu entre mes mains. La dénoncer aurait été un jeu d'enfant, mon père l'aurait renié et moi j'aurais eu le beau rôle. Enfin, j'aurais été la fille préférée, celle qui était sur le devant de la scène. Et enfin j'aurais pu avoir les honneurs, l'affection de mon père, bref tout ce qui me revenait de droit. Mais allez savoir, je n'avais rien dit. Parfois il m'arrivait de me détester, de haïr mes sentiments. Alors je la surveillais, je la protégeais. Moi Paige Bulstrode, jeune mangemorte, je me retrouvais à jouer l'héroïne avec ma sœur qui voulait se taper des sang impurs. On avait vraiment tout vu !
Paige tu vas sortir de cette salle de bain ? Tu vas me mettre en retard petite peste. Je me regardais une dernière fois dans le miroir. Il y avait cette voix, une petite voix dans m tête qui me disait de lui faire du mal, de la faire souffrir.
Elle ne méritait que ça après tout, cette traînée. Dans le miroir, se reflétait un visage déformé d'un sourire dément, fou. Je secouai la tête. Plus rien. J'avais probablement rêvé. Je sortis, ma sœur bien-aimée rentra immédiatement. Je m'adossai contre le mur le plus proche. Je venais la voir pour avoir un œil sur elle, la contrôler.... Mais se pouvait-il que cet impur avait raison ? Non. Impossible. Je la sauvais. Je la sauvais de la folie.