Le regard amoureux, l'estomac tortillait le jeune Frank qui regardait avec passion la tarte aux pommes qui cuisait doucement dans le four. Les arômes se dégageaient et l'appétit du garçon était gigantesque. Il rêvait déjà de pouvoir engloutir une immense part - pourquoi pas, la moitié de la tarte - d'un coup. Il en salivait presque d'envie avant de recevoir un petit coup de baguette sur la tête de la part de sa mère. Elle jeta un regard sévère à son fils avant d'ouvrir le four et d'en sortir la tarte avec l'aide de la lévitation.
« Tu es trop gourmand, Frank. » lança-t-elle en faisant un nouveau mouvement de sa baguette. Cette fois-ci, ce furent une dizaine de petites assiettes à dessert qui sortirent du buffet, mais Frank ne pouvait pas quitter du regard cette amgnifique tarte. Oui, il était gourmand, comme son père d'ailleurs, mais il n'était pas rondouillard, quoiqu'un peu. Margaery Longbottom coupa des parts égales et son fils fit une petite moue en voyant qu'il n'en avait pas plus que les autres. Sa mère lui embrasse le front affectueusement avant d'emporter les assiettes avec la magie dans le salon où plusieurs membres de la famille Longbottom étaient présents car aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres. Aujourd'hui, nous étions le sept juillet et c'était l'anniversaire de Frank. Il n'avait pas souhaité de gâteau car il n'aimait pas vraiment le chocolat, il avait demandé une tarte aux pommes géantes plutôt. Sa mère déposa quelques bougies sur la part de son fils qui représentait le chiffre onze.
« Fais un vœu, mon chaton. » lui dit-elle quand il s’installa devant son assiette. Faire un voeu ? Frank avait tellement d'idées en tête. Devenir riche, être le meilleur joueur de Quidditch de tous les temps ! Vaincre un dragon ou plutôt l'avoir comme animal de compagnie. Non. Il ferma les yeux et souffla de toutes ses forces.
Je veux devenir un grand Auror, aussi grand que papa.Paisiblement assis sur la banquette d'un des wagons du Express Hogwarts, Frank lisait le dernier numéro de
Quidditch Mag, le magazine mensuel le plus populaire chez les fans de ce sport. Ce mois-ci, il y avait l'interview exclusive de Ludovic Verpey, le nouveau joueur vedette de l'équipe des Frelons de Wimbourne et si Verpey n'était pas très intelligent vu les commentaires qu'il faisait, il avait un don remarquable pour le Quidditch, c'était indéniable. Frank tourna la page de son magazine et crut avoir une attaque. Il y avait toute une page au sujet du prochain Flèche d'Argent, un excellent balai que tous les joueurs attendaient. Frank ne faisait pas exception. Il volait sur un Comète 204, ce qui était convenable, mais il désirait toujours plus, comme tout le monde. Il se mordit la lèvre inférieure et admira l'image du balai. Sa courbe centrale était droite et longue. Le balai disposait d'un système de freinage améliorée et sa vitesse était très intéressante. Le sorcier était tellement concentré sur son balai qu'il en oublia la présence de Arthur, le rouquin qui dévorait ses fondants du chaudron.
« Et j'ai donc commencé ma collection de prise électrique.. Frank ? Franky ? » lança Arthur en plissant les yeux. Il savait parfaitement que s'il appelait son ami par ce surnom, celui-ci allait réagir. Il détestait qu'on l'appelle Franky. Il n'y avait que ce satané Peeves qui avait décidé de l'appeler ainsi dès sa première année, quand Frank avait réussi à faire une potion de ratatinage si mauvaise, qu'il avait fait fondre le plafond, le chaudron, la table et une partie du sol.
« Je-t'ai-déjà-dis-de-ne-pas-m'appeler-comme-ça ! » aboya Frank, les sourcils froncés. Arthur lui tendit un chocolat que le sorcier refusa en refermant son magazine. Visiblement, il aimait voir son ami s'énerver sur ce stupide surnom
« Je te disais que j'ai décidé de commencer vraiment ma collection de prise électrique. Oh, tu es au courant ? Alice sortirait avec Tobias Gray. » face à cette annonce, Frank tiqua immédiatement. Alice était
son Alice et même s'ils avaient décidé de rompre à la fin de leur cinquième année - et cette-fois, pour de bon - Frank n'imaginait pas que son ex-petite amie puisse se mettre en couple avec un autre aussi vite. Sans laisser le temps à Arthur de continuer à parler de sa
passionnante collection de prises électriques, Frank sortit de la cabine et traversa plusieurs wagons avant d'ouvrir la porte d'une autre cabine. Il tomba nez à nez avec Alice qui discutait avec une de ses amies. Elles semblaient surprises de le voir ici.
« Tu es ici ? » lança-t-il sur un ton presque neutre. Alice haussa un sourcil, surprise et croisa le regard tout aussi étonné de son amie
« Je ne devrais pas être ici ? » répondit-elle interloquée
« Oh, si. Hm. Tu... Sors avec... » « Non. » coupa Alice. Ils restèrent là, à se regarder pendant plusieurs longues minutes avant de sentir que le train ralentissait.
« Bon. J'y vais, je dois enfiler ma robe... Au revoir. »« Je vais lui demander de sortir avec moi pour de bon, cette fois ! » annonça Frank en sortant de son cours d'histoire de la magie, Arthur sur ses talons l'avait rejoint rapidement.
« Vraiment ? Encore ? » Encore, ce mot sonnait comme un grincement aux oreilles de Frank qui se crispa et soupira en traversant un long couloir. Il poussa une lourde porte et arriva sur une petite cour intérieure privée agrémentée de nombreuses plantes magiques dont quelques gnomes qui parasitaient les lieux.
« Pourquoi encore ? » « Ca fera les... Septième fois que vous vous quittez et que vous vous remettez ensemble. » expliqua Arthur d'un air sceptique
« Sept, c'est un bon chiffre. C'est un chiffre magique ! » prétexta le sorcier. Plus tard dans l'après midi, bien décidé à déclarer sa flamme -
encore - à Alice, Frank essaya de lui parler, mais le destin semblait ne pas jouer en sa faveur. En effet, le premier match de Quidditch qui opposait traditionnellement les Serpentard aux Gryffondor allait avoir lieu. Les élèves s'amassèrent vers les gradins et Frank se jura de parler à Alice plus tard. Il enfila sa tenue et le match débuta. Entant que poursuiveur, le jeune homme avait un rôle important. Il s'empara de l'imposante balle rouge qu'il passa à un autre joueur en faisant une vrille pour éviter un malicieux cogniard. Ces balles étaient des calamités. Le match se déroulait très vite et le score était serré. Il y avait des
oooh, des
aaah et puis un tonnerre d'applaudissements quand Serpentard marqua un magnifique but.
« Par Merlin ! » jura le sorcier avant de récupérer le souafle et de filer comme une flèche vers les buts adverses. C'était un mélange de sentiments qui venait d'envelopper Frank Longbottom. Il avait la rage de vaincre, il avait envie de retourner avec Alice car
il était amoureux d'elle et il voulait que tout le monde le sache. Rien ne semblait pouvoir arrêter la course de Frank, rien, absolument rien...
Sauf le cogniard.Ouvrir les yeux semblait relever du défi pour Frank. Il entendait de l'agitation autour de lui, mais ce qui l'embêtait le plus, c'était cette affreuse migraine. Il avait l'impression qu'on lui martelait la tête avec la masse d'un troll ou quelque chose comme ça. De quoi se souvenait-il ? De pas grand chose à l'heure actuelle, mais il décida d'ouvrir les yeux. Tout était flou et la lumière lui faisait mal. Il cligna plusieurs fois avant de voir Alice sur sa gauche et l'infirmière qui se trouvait au fond de la pièce, entrain de ranger plusieurs flacons.
« Tu es réveillée. » dit Alice d'une voix étonnement douce. Depuis la rentrée, ils avaient eu quelques relations houleuses comparées à d'habitude.
« Qu'est ce que... » marmonna Frank, encore sonné par son réveil
« C'était hier. Le match. Tu as été frappé par un cogniard. Rien de grave, mais ce fut un sacré choc. Vous... Hm. Vous avez perdu le match, mais l'important c'est que tu ailles bien ! Tu pourras sûrement sortir demain ! » expliqua la sorcière en souriant. Il fallait à Frank, plusieurs longues minutes pour remettre les évènements en ordre dans sa tête. Le match. Ah, oui. Ils avaient perdu ? Il grimace. Si seulement il avait pu marquer. Le cogniard ? Voilà donc la raison de sa douleur. Rien de grave ? Bien, tant mieux. Le sorcier essaya de se redresser, mais Alice l'obligea à rester allonger.
« Tu as besoin de repos. » Il n'essaya même pas de protester. Son attention se concentrait sur la main d'Alice qui serrait la sienne. Elle bafouilla enfin
« J'ai eu tellement peur pour toi ! Ne... Ne me refais plus jamais ça ! » Comme si il était responsable, pensa-t-il d'un air quelque peu cynique, mais le sorcier ravala sa réflexion. Il se souvenait de tout et de la raison de sa percée sur le terrain.
« Sors avec moi. »_____________Les couloirs du ministère étaient toujours bruyant. Il était difficile de trouver un endroit où se reposer et pourtant, Frank l'avait déniché, son petit havre de paix où il aimait lire le dernier numéro de la Gazette du Sorcier en sirotant un thé. Cet endroit divin était niché au département de contrôle et régulation des créatures magiques. Le bureau de liaison des Gobelins avait depuis peu changé d'endroit et la pièce était désertée. Il ne trônait que de nombreux monticules de paperasses et quelques toiles d'araignées dans les coins des murs accompagnées de fientes de hiboux et chouettes qui étaient utilisées autrefois.
« Hm, c'est mauvais, très mauvais... » marmonna le sorcier en finissant de lire son article. Depuis quelques temps, d'étranges disparitions frappées Londres et sa périphérie. Des sorciers et sorcières disparaissaient, des corps étaient retrouvés mutilés et pour ne rien arranger, le ministère ne semblait guère s'en soucier. Frank, jeune auror en pleine formation et âgé de vingt ans, savait que c'était autre chose que de simples
disparitions inquiétantes. Il referma son journal et le coinça sous son bras en sortant de la pièce d'un pas déterminé. Quelques compères saluèrent le sorcier d'un signe de tête et ce-dernier lui rendit bien. En entrant de le bureau de Bufford, Frank angoissait. Son estomac se contractait de part en part. Henry Bufford était un des supérieurs de Frank et il devait lui remettre régulièrement des rapports au sujet de ses missions, mais Bufford était surtout connu pour son caractère. On le disait similaire à celui d'une dragonne réveillée et s'apercevant de la disparition de ses oeufs. Si au départ, Frank avait pensé que cette comparaison était exagérée, il avait rapidement remarqué que ce n'était pas le cas. Bufford lisait le journal avant de croiser le regard de l'auror. On lisait un sentiment de désespérance mélangée à de la fatigue dans ses yeux. Il ne se priva pas d'un soupir avant de montrer d'un signe de tête, la chaise à Frank.
« Un problème Longbottom ? » « Pas moi personnellement, mais... Hm. Je pense que nous devrions ouvrir une enquête au sujet du cadavre de ce né-moldu retrouvé près de Covent Garden. C'est inquiétant et c'est peut-être l’œuvre d'un mage noir... » « Une équipe a déjà été envoyée sur place. » coupa Bufford plissant ses petits yeux de fouine face à Frank
« Et je sais que vous êtes noble, chevaleresque même, mais je ne le dirai qu'une fois... Chacun à sa place. » C'était clair et équivoque. Frank devait se mêler de ses affaires, c'est-à-dire, rester un jeune auror en formation et ne pas se soucier du reste. Silencieux, le jeune homme approuva d'un signe, incapable de dire un mot. En sortant du bureau, Frank se maudissait. Il aurait du parler, dire quelque chose, mais il n'avait pas réussi. Rester à
sa place, mais où était-elle, sa place ?
« Laisse moi. » cracha le sorcier sans croiser le regard de Alice. Elle était douce, attentionnée et elle était patiente, mais il refusait de le voir. En effet, le monde de Frank Longbottom s'était effondré comme un château de cartes. Il ne s'y attendait pas, comment aurait-il pu s'y attendre ? Il n'avait aucune idée de comment faire face à ça. Il avait été frappé sans s'y attendre la semaine dernière et depuis, il restait là, allongé dans ce sofa, la couverture recouvrant une partie de son corps et une barbe non taillée depuis ces quelques jours. Frank n'avait pas mangé, il avait à peine bu et ne s'était pas lavé non plus. Il se fichait de son apparence, de sa carrière, de tout le monde, même d'Alice. Celle-ci s'approcha à nouveau, dans une énième tentative avec un petit plateau garnis d'une soupe chaude à l'odeur agréable. C'était du potimarron. Il y avait un morceau de pain et un verre d'eau.
« Mange un peu, s'il te plaît, Frank... Je » « JE T'AI DIS DE ME LAISSER EN PAIX ! TU NE COMPRENDS PAS !? » s'écria-t-il subitement. D'un geste de la main, il repoussa Alice et le plateau. Le bol de soupe roula au sol et le verre se brisa dans un fracas. Les deux amants restèrent de longues secondes à s'observer dans un silence complet. Alice tremblait. Elle semblait au bord des larmes, entre fatigue et culpabilité. Frank savait que ce n'était pas de sa faute. Elle était parfaite, il ne la méritait pas, mais comment le lui dire ? Il n'avait envie de rien, absolument de rien. D'un geste, il s'empara de sa veste et se dirigea vers la sortie.
« Où vas-tu !? Frank ! » « Juste prendre l'air... » avoua-t-il en ouvrant la porte
« Mais il fait nuit ! Tu... Hm... Non, reste » demanda Alice à mi-mot
« Je ne peux pas, Alice. Je ne peux pas... » clac, la porte se referma sur lui et Alice éclata en sanglots. Elle était impuissante, incapable d'aider son compagnon à supporter le deuil de son défunt père. Frank marchait sans savoir où il allait se rendre. Il marchait, simplement pour se vider la tête. Son père était décédé si brutalement, il ne s'y attendait pas. Pouvait-on seulement s'y attendre ? La mère du sorcier était tombée en dépression, mais elle se relevait, elle voulait prouver à son fils que c'était possible de tenir bon, de ne pas sombrer car ce n'est pas ce que son père aurait voulu, mais Frank s'était énervé.
On ne pouvait pas savoir ce que papa pensait, il n'était plus là ! pensa-t-il en donnant un coup de pied dans un petit caillou au sol. Frank Longbottom, auror tout juste diplômé, capable de faire des missions en solitaire désormais, vingt-cinq ans, toujours en couple avec Alice Prewett - pour combien de temps encore ? - n'était plus rien. Il était déchu, incapable de se relever. Le sorcier pénétra dans un pub miteux encore ouvert. Sa main avait ouvert la porte presque mécaniquement, sans réfléchir. Il s'installa à une table et commanda de l'alcool. Il était minuit passé, Frank n'avait plus conscience de rien. Il buvait, buvait, buvait encore, jusqu'à perdre la notion du temps, de l'espace, jusqu'à se perdre lui-même.
ec