On dit que les gens ne peuvent pas fuir leurs problèmes. Et bien, ils ne courent pas assez vite.
CHAPITRE I
Courant le plus vite qu’elle pouvait avec ses petites jambes, la brunette riait aux éclats, tentant d’échapper à son frère Isaac. Ce dernier n’eut aucune difficulté à rattraper sa sœur, alors âgée de quatre ans. L’attrapant et la soulevant de terre, il la fit tournoyer, déclenchant un merveilleux fou rire chez Anya. Il finit par la reposer dans l’herbe, et tous deux retournèrent au manoir familial. Tenant fermement la main de son grand frère, Anya continuait malgré tout de sautiller, s’arrêtant toutes les deux minutes en criant «
Oh regaaaarde ! ».
C’était une véritable boule d’énergie, inépuisable. Elle passait son temps à courir, à jouer, à sauter partout, un tantinet hyper active, incapable de se tenir tranquille sur une chaise plus de cinq minutes. Ce qui agaçait fortement ses parents, surtout son père. Mais la petite fille n’écoutait jamais rien, et n’en faisait qu’à sa tête. Elle était la petite dernière de la famille Iskrov, et faisait tout pour attirer l’attention de tout le monde. Famille recomposée de quatre enfants, elle était la petite demi-sœur, mais considérée comme une véritable petite sœur par son frère et ses sœurs. Isaac est plus vieux qu’elle de 13 ans, autant dire qu’il est un grand frère hyper protecteur avec toutes ses sœurs. Arya a seulement 5 ans d’écart avec elle, c’est une parfaite grande sœur, toujours là pour sécher les larmes quand rien ne va. Et Mordaena est de 3 ans son aînée, et les deux sœurs sont très proches, faisant les bêtises toujours ensemble, elles sont inséparables. Belle famille de sorciers en herbe, tous vivant en Bulgarie, et suivant leur apprentissage de la magie à Durmstrang.
CHAPITRE II
«
Pff, j’y arrive pas, grogna-t-elle avant de s’affaler dans le canapé. »
Silencieuse, elle fit tourner sa baguette entre ses doigts. Incapable de faire ce fichu sortilège de défense, alors que Durmstrang est réputé pour être l’école de magie où l’on apprend les meilleurs sortilèges de défense contre les forces du mal. Et c'est la plus mauvaise de sa classe. Elle a l’impression de ne pas avoir sa place ici, de faire honte à sa famille.
Aleksandar se pose à côté d’elle, lui administrant un léger coup de coude, ce qui eut pour effet de faire sourire la brunette.
«
Allez Anya, t’es pas plus bête qu’une autre. Il suffit d’un peu d’entrainement.»
«
C’est facile pour toi, t’es doué en tout, sans faire le moindre effort. Pas moi. J’ai besoin de bosser deux fois plus dur que tout le monde. Et ça me fatigue. »
Elle fournissait un nombre d’efforts incalculable lorsqu’il s’agissait de ses études, ou de tout ce qu’elle entreprenait, rien ne lui arrivait jamais sur un plateau d’argent. Elle était la moins douée de la famille. Mordaena sa sœur était une experte en sortilèges de défense, et il était certain qu’elle réussirait à devenir Auror comme elle le souhaitait. Mais elle, la petite Anya, la petite dernière de la famille, était véritablement la dernière en tout. Elle excellait quand il s’agissait de se mettre dans les plus grosses galères possible, et à côté de ça elle échouait partout. Elle ne supportait plus le regard déçu de son père, et malgré les propos réconfortants de sa mère, ou de ses sœurs et son frère, Anya n’avait aucune confiance en elle.
«
Te décourage pas. Il n’y a pas de raison pour que tu n’y arrives pas. Allez, recommence. »
Lâchant un soupir, Anya finit par se redresser en même temps que Aleksandar. Bien qu’il ait mauvaise réputation dans l’école, et qu’il fait parti de ceux qu’il ne fallait logiquement pas fréquenter, Anya avait su trouver en lui quelqu’un de confiance, qui savait toujours trouver les mots pour la réconforter, et la forcer à croire en elle. Elle le fixa un instant, et son cœur loupa un battement lorsque son regard croisa le sien. Elle ne pouvait plus se le cacher, elle était indéniablement amoureuse de lui.
CHAPITRE III
Allumant sa cigarette, elle inspira une bouffée de nicotine, avant de la relâcher lentement dans la nuit froide. Le bout de ses doigts étaient gelés, n’étant pas protégé par les mitaines qu’elle portait. Impatiente, elle jeta un coup d’œil à sa montre ; 02h20. Qu’est-ce qu’il foutait ? Plus les minutes défilaient, plus elle avait envie de partir d'ici. C’était une erreur, une énorme d’erreur de le suivre dans tout ce qu’il entreprenait. Mais il savait tellement y faire, il la manipulait avec tellement de facilité, qu’elle ne savait jamais dire non. Ou quand elle le faisait, il se débrouillait pour la faire changer d’avis, soit par la douceur, soit par la violence. Elle l’aimait encore bien malgré elle, mais elle le craignait par-dessus tout.
Des pas résonnèrent tout à coup derrière elle, et elle fit volte-face.
«
Putain Aleksandar, qu’est-ce que tu foutais ? »
«
C’est bon chérie, détends-toi, il est encore tôt, répondit-il avant de déposer un brusque baiser sur les lèvres. »
Anya resta silencieuse, évitant tant bien que mal le regard de Aleksandar. Ce dernier passa un bras autour de son cou, la ramenant vers lui, et ils se mirent à marcher dans la ville déserte après qu’elle eut balancé sa cigarette par terre.
«
Où on va ? Osa demander Anya. »
Ses mots l’effrayaient plus que tout autre chose. Elle redoutait sans cesse qu’il lui annonce quelque chose d’affreux qu’il avait encore fait, ou qu’il allait faire. Elle refusait de prendre part à toutes ces bagarres stupides auxquelles il participait, tout comme sa lutte contre les nés-moldus qu’elle ne comprenait pas. A vrai dire, depuis quelque temps elle ne le comprend plus. Il tient des propos aberrants qui ne lui ressemble pas, il est sans cesse en colère contre le monde entier, contre elle. Rien de ce qu’elle peut dire ne le fait changer d’avis, elle n’a plus aucune emprise sur lui, elle a l’impression d’avoir perdu le Aleksandar dont elle est tombée amoureuse durant leur scolarité à Durmstrang.
«
Quelque part. »
La réponse vague qu'il lui donna n’eut pas pour effet de la rassurer, bien au contraire. Ils ne tardèrent pas à arriver à un bar bondé, et Anya reconnut quelques têtes qu’elle n’appréciait guère. Rapidement, elle chuchota à l’oreille de Aleksandar ;
«
Alek, j’ai pas envie de rester ici. »
Le concerné ne releva pas ses propos, la gardant toujours contre lui. Bien vite ils se retrouvèrent dehors, accompagnés de toute une bande de jeune aux idées macabres, et noires. Anya était contre cette guerre idiote contre les nés-moldus, mais Aleksandar se fichait de son avis, et la trainait avec lui dès qu’il avait l’occasion de maltraiter des moldus ou des sang-de-bourbe. La jeune femme craignait plus que tout qu’il ne finisse par s’allier à Voldemort et ses partisans, et ce jour-là, elle le perdra à jamais, c’était certain.
Ils arrivèrent à un terrain vague dans lequel trainaient des jeunes, certainement des nés-moldus puisqu’ils s’amusaient avec leur baguette. Et tout se passa très vite, les sortilèges et les insultes fusèrent de toute part, Anya tentait tant bien que mal de se tenir éloignée de la bagarre, criant sans cesse à Aleksandar qu’ils devaient partir. Mais ce dernier ne l’écoutait pas, comme d’habitude, habité par une haine sans nom qu’elle ne lui connaissait pas. Et sans qu’elle ne comprenne quoi que ce soit, un éclair vert fusa de la baguette de Aleksandar pour atterrir en plein dans la poitrine d’une jeune femme. Un cri s’échappa de la bouche d’Anya, figée, incapable de réagir. Le jeune homme l’attrapa soudainement par le bras, lui hurlant des phrases qu’elle ne comprenait pas. Elle se dégagea violemment de l’étreinte de Aleksandar, et s’enfuit en courant sans se retourner. Elle savait qu’il ne la suivait pas qu'il était resté là-bas pour continuer le carnage, et pourtant elle courait toujours, encore et encore jusqu’à arriver devant chez elle. Devant le portail, elle se stoppa, la respiration saccadée, le cœur battant à tout rompre. Elle finit par l'ouvrir, et rentra chez elle. Sans se déshabiller, elle s’enroula sous sa couette. La scène repassait en boucle dans son esprit dès qu’elle fermait les yeux, et des larmes ne tardèrent pas à brouiller sa vue.
Elle avait bel et bien perdu Aleksandar, il était passé du côté de la magie noire, entièrement, et ça l’avait bouffé. Elle devait partir. Loin, elle ne voulait plus le revoir, et elle savait qu’à la première heure demain, il viendrait frapper ici, à sa porte. Elle devait partir. Elle devait rejoindre Mordaena en Angleterre, elle pourrait la protéger, et Aleksandar ne la reverrait plus jamais.
Son sac à la main, elle regarda une dernière fois son manoir, incertaine de quand elle pourra revenir ici. Elle avait pris soin de laisser un mot à ses parents pour leur dire qu’elle allait rendre visite à Mordaena, et qu’elle rentrait vite. Ce n’était que mensonge, mais elle ne pouvait partir sans les informer d’où elle allait. Elle prendrait le train, voyagerait à la façon moldu jusqu’en Angleterre, et elle irait voir sa sœur. C’était la bonne et la seule solution pour sortir de tous ces problèmes dans lesquels elle s’est fourrée.